mercredi 28 septembre 2016

Bilan semaine 62

Mea culpa, mea maxima culpa... J'avais promis de ne plus rater un lundi et je trouve quand même le moyen de me planter. Le pire, c'est qu'hier en rentrant du boulot, j'étais en train de réfléchir à mon post, et j'ai oublié.
Bref, du coup, plus de choses à raconter aujourd'hui vu le réveil que j'ai eu.

Le matin, j'écoute les infos de France Inter histoire de me tenir au courant de ce qu'il se passe au pays quand j'entends aujourd’hui que Juppé appelle les déçus de Hollande à voter pour lui. Je manque de m'étouffer avec mon dentifrice... Par où commencer? Mon bon Monsieur, primo, je ne suis pas déçu de Hollande: je n'attendais rien de lui; il n'avait qu'une seule mission, c'était de foutre Sarko dehors, et il l'a remplie. Secundo, le jour où je voterai pour un repris de justice "droit dans ses bottes" élevé à la magouille chiraquienne n'est pas près d'arriver. Enfin, et je m'en excuse d'avance auprès d'éventuels lecteurs qui rouleraient de l'autre coté de la route, voter Juppé parce qu'on est déçu du hollandisme, c'est comme de décider de virer sa cuti parce qu'on a passé un mauvais rencard... Monsieur Juppé, les gens de gauche ont des convictions, c'est ce qui les distinguent des gens comme vous.

Cette semaine a particulièrement mis en lumière l'extraordinaire variété de situations chez les mômes à qui j'enseigne. Entre l'épileptique qui fait sa crise au milieu du terrain de foot alors que je suis de corvée de surveillance (il a survécu), à l'autiste avec lequel j'ai une conversation sur les pharaons, j'ai quand même une belle brochette de gamins.
Je fais aussi face à des questions éthiques: une de mes élèves à problèmes a été retirée de l'école par ses parents, est-ce mal de se réjouir de ne plus avoir à s'en occuper?

Je retourne enfin au cinéma pour aller voir le remake des Sept Mercenaires. Un bon western sans prétention qui vaut le déplacement, surtout si vous êtes comme moi et que vous adorez Denzel Washington.


Arizona Bart chokes on his toothpaste.

mardi 20 septembre 2016

Bilan semaine 61

Une fin de semaine relativement tranquille après les histoires de manuel et de Bible. Je profite d'avoir un max d'avance dans la préparation de mes cours pour ralentir un peu la cadence et me reposer.
Ce weekend j'ai pu rattraper un peu mon sommeil en retard, je vais en avoir bien besoin parce que dans deux semaines, il va falloir envoyer les bulletins du premier "bimestre".
Pour l'instant pas de surprises majeurs, mais faut apparemment écrire un roman pour chaque môme, ce qui n'est pas un problème pour certains (ce qui n'est pas nécessairement une bonne chose) mais qui va être un vrai challenge pour d'autres.

Je termine ma lecture de Christopher Hitchens; on m'a déjà conseillé d'autres auteurs dans la même veine. Je vous tiens au courant.

Une traversée du désert niveau sortie cinéma en ce moment, entre les derniers bloc-busters de l'été et les premiers films des fêtes de fin d'année, il ne se passe pas grand chose.


Arizona Bart has a slow end of the week.

vendredi 16 septembre 2016

J'en crois toujours pas mes oreilles

Aujourd'hui je discute boutique avec le collègue plus que légèrement fanatisé qui enseigne l'Histoire Antique (qu'ici ils appellent Histoire Ancienne) à la classe de 5ème que je n'ai pas.

Ça fait une semaine qu'on a terminé le petit manuel consacré à la Mésopotamie et qu'on attend de distribuer celui dédié à l'Egypte (l'école n'en a pas commandé assez...). Je me renseigne de savoir quand est-ce qu'on va les recevoir (la semaine prochaine normalement) et je demande au passage qu'est-ce qu'on va utiliser pour toute la partie du programme sur l'histoire de l'Israël antique. Il me dit qu'il n'y a pas vraiment de manuel pour cela mais que ce n'est pas grave parce que l'année dernière il n'a eu besoin d'utiliser que sa Bible.
BOOM. Le bruit du Bart qui tombe de sa chaise. Et des bras qui tombent du Bart.
Au moment où je m'en vais lui demander s'il se fout de ma gueule, je sens poindre dans son regard bovin l'interrogation qui fait suite à la lecture de l'étonnement / choc / dégoût sur mon visage et dans mon langage corporel.
Courage, fuyons. Je décide de ne même pas essayer de lui faire comprendre que son almanach de superstitions de paysans moyen-orientaux n'est pas vraiment une source historique fiable ni scientifique. Faut quand même pas se foutre de la gueule du monde, bordel de merde...

Dans notre dernière engueulade sur le sujet, comme j'ai eu l'audace de mettre en doute l'existence même de son Jésus, il m'explique qu'il y a plus de témoignages de l'existence de Jésus que de celle d'Alexandre le Grand et pourtant je ne remets pas en question l'existence d'Alexandre le Grand.
Je lui réponds que primo, personne n'essaye de m'imposer qui j'ai le droit de baiser, comment j'ai le droit de baiser, ce que j'ai le droit de manger ou non, quel jour je dois me reposer, etc. en fonction des enseignements d'Alexandre le Grand; et secundo, le fait même qu'il y ai plus de témoignages de l'existence de Jésus, un prêcheur à douze acolytes, parmi tout un tas d'autres prophètes dans une des provinces les plus reculée du monde civilisé, que de l'existence d'Alexandre le Grand, un homme qui a conquis de son vivant l'ensemble du monde connu et qui a laissé partout sur son passage des villes portant son nom, est en soi suspect, et que ce serait pas la première fois que sa chère Eglise fabriquerait des preuves pour soutenir sa position... Aïe, l'a pas aimé.

Et ces gens là ont l'arme nucléaire, j'en ai froid dans le dos.


Arizona Bart cannot believe what he's hearing.

mardi 13 septembre 2016

Bilan semaine 60

Cette semaine j'ai eu une première idée de la relation privilégiée parent-prof en envoyant ma première série de deficiency notices.
Pour commencer, parlons du système de note: la note réelle finale est un pourcentage de réussite résultant de l'amalgame de tous les autres résultats pondérés. Comme un système de coefficients en somme. Chaque enseignant a fixé en début d'année la constitution de sa note finale: en ce qui me concerne, 40% pour les devoirs, 35% pour les interros et 25% pour la participation; ce qui veut dire qu'un élève peut être le dernier des abrutis, du moment qu'il fait ses devoirs et ne me fait pas chier en classe, il passe haut la main.
Notre logiciel informatique calcule la note en temps réel à chaque fois qu'un nouveau résultat est entré.
Mais en plus de la note, il y a un système par lettre, A (entre 100% et 90%), B (90% à 80%), C (80% à 70%), D (70% à 60%) et F (pour Fail, échec, en dessous de 60%).
La loi ici (je ne sais pas si c'est juste l'Arizona ou si c'est national) n'autorise pas à coller un élève si les parents n'ont pas d'abord été prévenu de la situation de leur môme, donc en milieu de "bimestre" il faut envoyer un avis de carence à tous les parents dont les enfants ont un D ou moins.

Ayant prévu le coup, la semaine précédente j'ai balancé un paquet d'avertissements aux parents dont les mômes ne font pas leurs devoirs pour leur permettre de rattraper. Ça a eu son effet pour ceux dont je me doutais que les darons allaient leur remonter les bretelles; l'absence de réaction des autres me confirme qu'ils ne seront pas étonnés de recevoir un petit avis de carence par la suite.
Je note quand même le message de cette mère qui m'explique en trois pages que son petit ange est un enfant modèle et que s'il ne fait pas ses devoirs, ça ne peut être que de ma faute... L'avis de carence que j'ai balancé en réponse à dû la calmer.

Sinon, le cas du jeune C., un sale petit con qui vous regarde de travers à chaque fois que vous avez le malheur de lui demander de travailler ou ne serait-ce que de fermer sa gueule. Il y a deux semaines, je le vire de mon cours parce qu'il s'amusait à renverser sa bouteille d'eau sur son bureau: sa mère appelle direct le dirlo, je ne passe pas par la case départ, je ne prends pas la peine de questionner le prof, je demande sa tête directement au proviseur. Jeudi, envoie des avis de carences: j'ai vérifié avec les collègues, la mère en a reçu six, sur six classes, le grand chelem... Résultat: elle a retiré son gosse de l'école pour le mettre ailleurs, parce qu'il est évident que son incapacité totale à travailler ne peut pas venir de lui... Je dis: bon débarras!

Ceci dit, la vaste majorité des gamins sont assez agréables avec même deux ou trois que je prends plaisir à voir tous les jours. Oui, j'ai mes chouchous, et alors? Ils sont gentils et travailleurs.

Mais quand même, couché à minuit pour écrire ces saloperies d'avis, parce qu'évidemment, il faut que ce soit enrobé dans cinquante couches de sucre, miel, marshmallow et crème chantilly de façon à ne pas faire de mal aux fragiles petits sentiments des familles. Je suis désolé mais y'a quand même pas 600 façons de dire "ton gosse est un fainéant" ou "c'est un abruti" voir, malheureusement bien souvent, les deux.
Attention, ça ne veut pas dire que je ne veux pas leur enseigner, mais j'ai passé plus de temps cette semaine sur ces conneries que sur mes plans de cours et mes corrections. Alors, je suis prof ou chargé de relations publiques?


Arizona Bart sends deficiency notices.

jeudi 8 septembre 2016

Comme au cinéma

Aujourd'hui, en sortant de l'école, une boule d'amarante poussée par le vent a traversé la route déserte devant moi. Un pur cliché du far-west, je me suis cru dans un film.


Arizona Bart sees some tumbleweed.

mardi 6 septembre 2016

Bilan semaine 59

Il me reste un paquet de copies à corriger, mais il y a une limite à ce que le cerveau humain peut endurer d'inepties avant de se mettre en mode veille d'urgence, donc je décide de faire une pause.

Voici donc, grâce à la Fête du Travail américaine, un weekend de trois jours qui s'achève. Ça fait du bien, et comme j'avais mis les bouchées doubles la semaine dernière pour prendre de l'avance, j'ai presque pu ne pas penser boulot pendant deux jours.

Je me rattrape donc un peu niveau lecture en attaquant le livre d'un bonhomme admirable, Christopher Hitchens: God is not Great, How religion poisons everything ("Dieu n'est pas grand, Comment la religion empoisonne tout"). Chaque page est une bouffée d'air frais, d'autant plus qu'il me semble n'être entouré que de fanatiques religieux.
Rien qu'à la gueule du caissier à la librairie, j'ai bien senti qu'il n'approuvait pas mon choix de lecture. En même temps, c'est une librairie où la toute petite section philosophie est cachée tout au bout du très très long rayon religion.
Vous aurez deviné rien qu'au titre que M. Hitchens est un athée comme je les aime et d'un niveau autrement supérieur aux curetons, rabbins, imams et autres qu'il a passé une grande partie de sa vie à ridiculiser dans des débats publics.
Je ne résiste pas à vous traduire un petit passage du chapitre I:
"Par conséquent la critique la plus clémente que l'on puisse faire de la religion en est aussi la plus radicale et dévastatrice. La religion est inventée par l'homme. Même ceux qui l'ont inventée ne peuvent se mettre d'accord sur ce que leurs prophètes ou sauveurs ou gourous ont réellement fait ou dit. Ils peuvent encore moins espérer nous expliquer le "sens" de découvertes et développements postérieurs à leur invention, qu'ils ont, d'ailleurs, bien souvent combattu ou dénoncé. Et pourtant, les croyants prétendent encore savoir! Et pas seulement savoir, mais tout savoir. Non seulement que dieu existe et qu'il a tout conçu et tout supervisé, mais aussi ce qu'"il" exige de nous - de notre régime alimentaire, à nos pratiques religieuses, à nos mœurs sexuelles. En d'autres mots, dans une vaste et complexe discussion ou nous en savons de plus en plus sur de moins en moins de sujets, mais où nous pouvons espérer une certaine illumination en cours de route, une faction - elle-même constituée de factions se faisant la guerre entre elles - ose nous dire que nous avons déjà toutes les informations dont nous avons besoin. Une telle stupidité, combinée à une telle arrogance, devrait à elle seule exclure le mot "croyance" du débat. La personne qui dit être certaine, et proclame l'origine divine de sa certitude, appartient à l'enfance de notre espèce."

Sur un tout autre sujet, il y a deux semaines, avec d'autres joueurs de mon magasin de jeux local, nous avons démarré une ligue Warhammer 40,000 Conquest. Je suis fier de rapporter que je suis pour l'instant invaincu, en ayant vaillamment remporté mes trois premiers matchs avec deux maîtres de guerre différents.
Je sais c'est peut-être du chinois pour certains, mais c'est pas grave.


Arizona Bart gets some deserved rest and reading.